Maryse Corriveau

Le 6 décembre 2017, j’ai été diagnostiquée avec un Lymphome Hodgkinien.

Mon plus grand défi fût de ne pas avoir les mains sur le volant pendant toute cette aventure. Je devais faire confiance aux spécialistes et à la science qui encore aujourd’hui, n’ont pas toutes les réponses puisque tout évolue tellement vite. Étant une personne qui aime savoir concrètement et être en contrôle de la direction que je prends dans ma vie, j’ai donc appris à prendre la vague et me laisser guider par elle. Pour moi, c’est une forme d’abandon de soi en remettant les clés de ma vie à d’autres êtres humains. Cette aventure a été remplie de deuils et de défis. Cliché de le dire mais ils nous rendent plus fort.

Je suis une personne qui savourait chaque instant auparavant. Je n’ai pas fait de 180 degrés de changements de vie que la plupart des gens mentionne. Cette aventure a plutôt solidifié mon amour pour la vie et l’importance de chaque instant présent. Je n’ai plus de filtres, je nomme maintenant et j’ose encore plus. Mes rêves, je les vis maintenant ou je travaille fort pour qu’ils se réalisent le plus tôt possible. Je m’assure d’être entouré des bonnes et belles personnes qui vont dans la même direction que moi.
Le cancer m’a laissé également des répercussions physiques, je les apprivoise encore aujourd’hui. Entre autres, les traitements du cancer ont affecté mon beau petit cœur, ma valve mitrale a été brulée. J’ai donc dû subir une opération à cœur ouvert en septembre dernier. Mon cœur continue de bien battre grâce à une valve mécanique que j’appelle ma Rolex. Je tente d’être amie avec elle.

Mon aventure n'est pas terminée. J'ai une deuxième valve qui a besoin d’amour, elle ne fonctionne pas bien. Je me sens bien entourée par une superbe équipe de spécialistes. Je sais qu’ils vont tout faire pour que mon cœur redevienne aussi fort qu’auparavant. Je suis donc dans une période transitoire vers une autre intervention qui m’ait inconnu jusqu’à maintenant. La situation avec le COVID-19 va sûrement apporter des délais.

J'étais très active, et je suis en train d'accepter que peut-être je ne sois pas en mesure d’accomplir toutes les mêmes activités que je faisais auparavant et/ou dans la même intensité. Je suis encore dans le processus d'adaptation de vivre avec cette nouvelle réalité. J’aime prendre la devise qu’une amie et moi avons créé un certain soir pour me définir. « J’étais une fourchette avant la tumeur, je suis devenue une cuillère après les traitements et je suis maintenant un beau couteau suisse avec un cœur battant de vie ».
J'avais déjà participé à la marche Illumine la nuit avant mon diagnostic. La fille de mon amie avait la leucémie, alors j'ai participé en tant que « supporter », à ce moment-là. En 2019, je connaissais l'ampleur de la marche, et j'avais hâte. Je savais le bonheur que ça rapportera quand on participe à cette marche. Nous nous sentons utile. L'atmosphère est sereine pendant la marche, il y a de la paix. L'atmosphère n'est pas dans l'indifférence. Tout le monde que nous croisons sont touchés par le cancer du sang de loin ou de près. Nous avons tous un lien commun qui nous unit et c'est ça qui fait que la marche est très émouvante.

Dans la vie, ce sont les petits gestes qui sont payants. C’est une belle soirée à laquelle nous ressentons une très grande vague d’amour. Voir toutes ces lumières illuminées, c’est magique. C’est le temps d’un moment. Plus nous sommes à nous impliquer, plus nous pouvons avoir de l’impact et transmettre tout notre support pas juste monétaire.
Cliché de dire encore que nous ne devons pas attendre que quelqu'un autour de nous soit touché pour s'impliquer pour une cause. Les cancers du sang ne choisissent pas leur créneau de la population, nous sommes tous égaux. Personne ne mérite de vivre cette aventure. Chaque être humain devrait s’impliquer dans une cause au cours de sa vie. Quand on s'implique, on est heureux et satisfait à la fin de la journée, parce qu'on a fait une différence et qu’on fait le bien.